À propos

Nichée aux confins de l’Afrique subsaharienne, la petite bourgade nigériane de Daura s’éveillait.

De la chambre, l’appel à la prière se faisait entendre alors que les rayons du soleil perçaient à l’horizon. Premier voyage et non des moindres car ici tout était différent. Jusqu’alors, de l’étranger, ma connaissance se limitait à un périmètre n’excédant pas le millier de kilomètres. Quelques jours plutôt j’avais quitté l’hexagone avec, dans mes bagages, un CANON EOS 500 et quelques pellicules achetés à la hâte afin d’immortaliser le périple.

Jeune diplômé, j’avais été affecté à la construction d’un périmètre d’irrigation. Convaincu que cet enchevêtrement de bassins et de canaux serait salvateurs pour les cultivateurs de manioc, le coeur était à l’ouvrage. L’oeil fixé à son théodolite, un vieux topographe alignait les axes et vérifiait les altimétries afin que l’eau s’écoule selon les lois de la gravité.

Le soleil était encore au zénith, lorsque celui-ci m’invita à le suivre. Nous nous rendîmes dans un des hameaux non loin d’un canal récemment bâti. L’effervescence était palpable, le vieux topographe était en terre conquise. Il sortit alors de sa besace un paquet de photographies qu’il commença à distribuer aux villageois.

Certains hommes s’esclaffaient bruyamment en voyant leurs faces couchées sur papier glacé. Les femmes, bien que sur la réserve, n’en étaient pas moins ravies, obtenant ainsi gracieusement un portrait de famille qu’elles pourraient fièrement arborer lors des grandes occasions.

En suivant, le vieux topographe dégaina son appareil photo afin de tirer quelques portraits supplémentaires. Les clichés seraient donnés plusieurs mois plus tard à l’occasion d’un aller-retour en France. Le temps n’avait pas d’importance et l’impatience occidentale n’était pas de rigueur.

Ainsi se déroula ma première expérience photographique.

Au fin fond du Nigeria, accompagné d’un vieux topographe.

Eric